Que faire si vous trouvez une jeune chouette ou un jeune hibou au sol ?
La saison des juvéniles commence et il est essentiel de contacter un centre de soins en priorité avant la prise en charge d’un jeune tombé du nid.
Il n'est en effet pas rare de trouver des chouettons ou jeunes hiboux au sol. Les jeunes rapaces nocturnes sont semi-nidifuges : ils quittent en effet le nid tôt sans savoir vraiment voler, mais ils se déplacent pour découvrir leur environnement. Ils ne sont donc pas forcément en détresse.
La nuit tombée, ils appellent leurs parents qui viennent les nourrir.
Les jeunes rapaces nocturnes dorment parfois au pied d’un arbre le jour et appellent leurs parents la nuit pour se faire repérer et se faire nourrir.
© Photo : Valentin Marcheguay - Tous droits réservés - Chouetton d'hulotte
Toutefois, dans bon nombre de cas ils grimpent d’eux-mêmes dans les arbres au sortir de la loge/du nid.
Sachez que s’il est en bonne santé, il aura beaucoup plus de chance de survivre aux côtés de ses parents.
© Photo : Michel Lab - Tous droits réservés - Chouetton d'hulotte à gauche avec sa maman à droite.
2 conseils pour bien agir dès le début :
- Contactez un centre de soins en priorité.
- Constatez si le jeune est blessé et / ou affaibli.
3 scénarios s’offrent à vous :
> Scénario 1 :
- Il est en bonne santé ? Vérifiez qu’il n’y a pas de danger immédiat (route, animaux domestiques…) S’il y a un risque de prédation élevé, vous pouvez le replacer en hauteur sur une branche ou un peu plus loin (50 mètres maximum autour du lieu de découverte).
© Photo : Chloé Dumont - Tous droits réservés - Jeune hibou moyen-duc
Attention aux dangers immédiats (route, animaux domestiques) : il tentera de nouveau de s’envoler et sera encore exposé à des risques mortels. En effet, les jeunes en émancipation sont inexpérimentés et se mettent parfois en danger en se dirigeant vers des routes et / ou sont très vulnérables face à des prédateurs domestiques qui voient là une proie facile.
- Vous pouvez vérifier à la tombée de la nuit que les parents viennent bien nourrir le jeune en vous tenant à l’écart. Soyez discret et patient. Tant que la mère vous voit, elle ne reviendra sûrement pas nourrir son petit. Il faut donc bien se camoufler, à distance.
- Le fait de l’avoir touché n’influe pas sur les parents. Les oiseaux n’abandonnent pas leurs petits si ceux-ci ont été touchés, contrairement aux mammifères.
- Si l’un des parents ne revient pas, il faut absolument contacter un centre de soins pour le prendre en charge. L’élevage des poussins se fait en couple.
> Scénario 2 : L’exception de l’effraie des clochers. Si vous trouvez une effraie des clochers au sol, elle est en danger de mort. Dans la mesure du possible, si les parents sont encore en vie, il faut la replacer dans son nid. Il s’agit en effet de la seule espèce de rapace nocturne élevé dans le nid jusqu’à l’envol. Si vous ne pouvez pas la remettre au nid, apportez-la en centre de soins.
© Photo : Léa Cirotteau (Parole de Léa) - Tous droits réservés - Jeune effraie des clochers au centre de soins Faune Alfort.
> Scénario 3 : Le jeune est effectivement en détresse : blessure, affaiblissement, danger immédiat et nid introuvable, parents décédés… Apportez-le au centre de soins pour la faune sauvage le plus proche de chez vous.
Que dit la loi ? :
- Il est interdit de confier un rapace sauvage à un fauconnier ou à un ornithologue sans autorisation. Seuls les centres de sauvegarde autorisés à accueillir les rapaces peuvent les prendre en charge. Tous les rapaces sont protégés par la loi et leur détention est interdite sans autorisation spéciale.
- La loi interdit de conserver un animal sauvage chez soi.
Ne vous improvisez pas soigneur :
- Ne lui donnez ni à manger ni à boire. En fonction de ce qu’il a, cela pourrait lui être fatal et la mort très rapide et douloureuse.
- En vous improvisant soigneur, vous pouvez aggraver l'état de l'animal et ses chances de survie et de relâcher (carences suite à une mauvaise alimentation, blessures suite à un mauvais conditionnement ou manipulation, mauvais traitement, imprégnation...)
- Les gestes sont très techniques et doivent être réalisés par des soigneurs.
- Tenter de soigner soi-même un animal sauvage peut donc lui coûter la vie mais aussi compliquer sa prise en charge future par un centre de soins.
Mettre le jeune en sécurité avant la prise en charge par le centre de soins.
- Ne le dorlotez pas, ne lui parlez pas : un animal sauvage ne montre ni son stress, ni sa souffrance. Aussi, l’habituer à l’humain (imprégnation) empêchera son retour à la vie sauvage car il ne survivra pas.
- Placez-le dans un carton préalablement troué (pour qu’il respire) à l’aide de gants (latex, jardinage) ou d’un tissu, pour ne pas que vous vous transmettiez des maladies.
- Mettez du papier journal ou du tissu épais/polaire qui ne s’effiloche pas au fond. Non-effilochable : pour ne pas qu’il s’entortille ou ne s'étouffe.
- Si possible, mettez une bouillotte (une bouteille d’eau chaude bien fermée par exemple), enroulée d’un tissu épais qui ne s’effiloche pas. Attention à ce que le bébé ne se brûle pas et que la bouillotte ne l’écrase pas.
- Fermez le carton avec du scotch et placez-le dans un endroit calme, dans le noir, à l’abri des animaux domestiques et hors de portée des enfants, en attendant la prise en charge par le centre de soins.
© Photo : Céline Bouquet - Tous droits réservés - Jeune chouette hulotte au centre de soins Le Tétras Libre.
Où trouver un centre de soins pour la faune sauvage ?
Renseignez-vous dès maintenant sur le centre de soins le plus proche de chez vous ou de votre lieu de vacances pour agir sereinement si cette situation se présente.
Voici une liste assez complète des centres en France : https://www.reseau-soins-faune-sauvage.com/
Les photographes de l'article
Un grand merci à Valentin Marcheguay pour ses magnifiques photos de chouettons d'hulotte, à Chloé Dumont pour son superbe cliché de hibou moyen-duc, à Céline Bouquet pour sa très belle photographie de bébé hulotte et à Michel Lab pour son super cliché d'une maman hulotte et son petit.